A la messe.

Si le hockey est une religion au Canada, j’ai été à la messe le week-end dernier.

Des baisers mouillés et des poings rageurs, je vous raconte ça bientôt !

Il vous faut savoir qu’à Québec, il n’y a plus d’équipe de hockey faisant partie de la LNH (ligue nationale de hockey). Si on veut voir des grands gaillards se battre, il faut soutenir le Canadien de Montréal. Les seuls matchs auxquels on peut assister dans la Capitale nationale sont donc ceux des équipes junior, qui évoluent dans la LHJMQ (ligue de hockey junior majeur du Québec). Généralement, le spectacle est donc moins impressionnant. Mais la catégorie junior, c’est aussi la première en terme d’âge pour laquelle le règlement autorise la bagarre sur le terrain. Ce n’est pas toujours bouillant, mais la chance a, paraît-il, était de notre côté ce soir-là puisque les dix loulous sur la glace (cinq dans chaque équipe) avaient l’air plutôt….remontés et enclins à se tâter du poing.

Petite remise en contexte, il s’agissait d’un match des Remparts de Québec contre les Wildcats de Moncton (ville du Nouveau-Brunswick, la province d’à côté). Les Wildcats ont fait une saison piteuse, Québec avait donc toutes les chances de l’emporter facilement.

On m’avait raconté que les arbitres laissaient les joueurs se battre sans intervenir et j’avais du mal à y croire. J’étais donc venue vérifier (en plus de prendre le pouls d’un soir de match). Au début, tous les accrochages entre joueurs étaient réprimés, et bien que je n’aime pas la violence gratuite, je dois dire que j’étais un peu frustrée. M’aurait-on menti ?

Pourtant, à mesure que la période de jeu s’écoulait, on a senti les joueurs se coller de plus en plus, ça s’envoyait valser et ça chauffait contre les vitres en Plexiglas toutes les deux minutes, et, ce qui devait arriver arriva : une bagarre ! Une vraie de vraie, sans les gants. C’est le signal. Les combats sont interdits entre joueurs tant que ceux-si sont gantés. Dès qu’ils s’en séparent, c’est parti ! Pour que vous imaginiez un peu la scène, le jeu s’arrête, les autres joueurs quittent le terrain, les trois arbitres viennent entourer les deux aspirants combattants, et go ! Selon la technique des gugusses c’est un spectacle de plus ou moins bonne qualité, mais c’est à se demander si on regarde toujours du hockey. Ai-je besoin de préciser que tout le monde trouve ça normal ?

Lorsque le casque d’un des deux tombe, ou que les coups commencent à pleuvoir un peu trop, là seulement les arbitres interviennent. Ils donnent l’impression de sortir d’un coup d’une sorte de torpeur, du genre « oula mais c’est interdit ce que vous faites les p’tits gars-là, allez allez on arrête ! ». Sauf qu’à la deuxième bagarre du match Remparts/Wildcats, les apprentis catcheurs n’avaient pas envie de se séparer. Les arbitres ont dû donner du leur pour stopper la bagarre, et on avait sur la glace un joli tas humain formé des deux joueurs et des trois arbitres par-dessus.

Le moment suivant est complètement irréel. Les arbitres punissent les joueurs et les accompagnent sur le banc de touche en les tenant par le dos du maillot, comme des petits enfants qui auraient fait une bêtise (qu’on leur aurait laissé faire).

Je ne vais pas vous raconter la partie, puisque même un petit québécois de 6 ans vous en parlerait mieux que moi, mais j’ai décidé de vous relater les autres moments qui m’ont marqué.

Parmi eux, le baiser ! Lors de la deuxième mi-temps, la kiss-cam est activée. La kiss-cam, quésako ? Des caméramans se promènent dans le public du Colisée Pepsi (un jour je vous parlerai des édifices qui portent tous des noms de marque) et sélectionnent au hasard des couples. Leurs trombines s’affichent alors sur l’écran central et ils sont censés s’embrasser. Le baiser le plus langoureux/chaud/original gagne, généralement avec l’approbation bruyante du reste des spectateurs. Le but ici étant de remporter une place pour le tirage au sort d’un voyage à la fin de la saison de hockey.

Timides les Québécois ? Pantoute ! On voit que l’initiative du baiser vient généralement de la fille, et certaines ont vraiment très envie de gagner le voyage ! Ca galoche donc pas mal et c’est plutôt rigolo.

Mais il y a aussi eu le moment gênant où se sont affichés à l’écran deux petits jeunots, visiblement pas en couple, que les huées de la foule ont forcé à s’embrasser timidement. Avec mes copines on s’est mises à penser « et si t’es avec ton frère, comment tu fais ? ». En tout cas, ce n’est peut-être pas l’endroit idéal pour inviter sa maîtresse en toute discrétion.

Les deux mi-temps sont ainsi ponctuées de tirages au sort divers, pour qu’une rangée du public gagne des pizzas, qu’untel qui a le numéro XX reparte avec des bons de réduction…

Autre fait marquant : l’absence totale de fair play ou de respect pour l’équipe adverse. Je n’ai jamais assisté à un match de foot en France, mais il me semble qu’on ne pourrit pas à tout prix les visiteurs sous prétexte que l’on est maître sur son terrain. Au Colisée Pepsi, chaque sortie de terrain de l’équipe « ennemie » a été soulignée à grand renfort de jingle type « Mario Bross accède au niveau suivant » et une voix bleuglant « avantage numériiiiiiiiiique » résonnait automatiquement, sous les hourras de la foule. « T’as vu, on vous écrase, on est les meilleurs ! » Dans le même ordre d’idée, j’ai trouvé presque impoli que les joueurs locaux fassent leur entrée sur un tapis rouge, au milieu d’une haie d’honneur composée de mini hockeyeurs, avec mascotte (passablement cocaïnée toute la soirée, il faut le dire) pour les accueillir et leur en taper cinq ; alors que dans le même temps les pauvres petits Wildcats faisaient leur entrée en catimini, presque en s’excusant d’être là. Différence de traitement plus que manifeste.

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4 réflexions sur “A la messe.

  1. Marge dit :

    Bon allez, j’osais pas te l’avouer mais je trouve tes photos… Mouack, trop bonne, so fresh ! I like !

  2. Adri dit :

    Il fait quelle température chez toi en ce moment? Apparemment la normale se situe 20°C en dessous de ce que vous avez!

    • hkermarrec dit :

      Il a fait 20 degrés à Québec, un peu plus à Montréal. Effectivement, la normale saisonnière se situe plutôt autour de 2 degrés. Mais c’était deux, trois jours un peu exceptionnels, là on est revenu à un peu moins d’une dizaine de degrés, ça reste très agréable avec le soleil, mais j’ai remis mes ballerines au placard pour quelques temps. Mais la neige a énormément fondu, et ça c’est vraiment cool !

  3. Caradeeeec ! dit :

    C’est trop chouette de te lire, comme d’hab. Je t’avouerais qu’avant que tu écrives l’article je ne comprenais pas ce que « baisers mouillés » venait faire dans ton premier titre… C’est plus clair à présent !

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